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LES SYMBOLISTES

des fumistes ». M. Joséphin Péladan les traite de « curieux artificiers en métrique et lexique (qui) se groupent pour arriver et se nomment bizarrement pour être connus ». M. Jules Bois est beaucoup plus énergique : « Gestes incohérents, clameurs bégayées, — ce sont les décadents symbolistes… Cacophonie de sauvages qui auraient feuilleté une grammaire anglaise et un lexique de vieux mots déchus. Si jamais ils surent quelque chose, ils affectent de l’oublier. Vagues, incorrects, obscurs, ils ont le sérieux des augures… Vous, symbolistes décadents, nous mystifiez en une syntaxe abracadabrante et puérile ». Paul Verlaine lui-même, un des inventeurs du symbolisme, accommode de cette façon, dans un moment de sincérité, ses disciples : « Ce sont des pieds plats qui ont chacun leur bannière où il y a écrit : Réclame ! ». M. Henri de Régnier pense, avec indulgence : « Ils (les symbolistes) éprouvent le besoin de se ranger sous une enseigne commune pour lutter ensemble plus efficacement contre les satisfaits ». M. Emile Zola parle d’eux comme d’une « bande de requins qui, ne pouvant pas nous manger, se mangent entre eux ». M. Joseph Caraguel dénomme la littérature symboliste « une littérature de vagissement, de balbutiement, de vague à l’esprit, une littérature d’avant les griots soudaniens ». Edmond Haraucourt reconnaît clairement le but visé par les symbolistes : « Il y a un parti de mécontents et de gens pressés. C’est du boulangisme littéraire ! Il faut vivre . On veut tenir une place, être notoire, ou notable. On bat la caisse, qui n’est même pas une grosse caisse… Voilà leur vrai symbole : « Colis pressé ». Tout le monde prend le rapide. Destination : la gloire ! »