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LES SYMBOLISTES

sur leur composition matérielle, leur degré de chaleur, la rapidité et la direction de leurs mouvements ; elle a établi l’unité de toutes les formes de la force et rendu des plus vraisemblables l’unité de la matière ; elle est sur la trace de la formation et du développement des éléments chimiques, et elle nous a appris à comprendre la construction des compositions organiques, d’une structure si compliquée ; elle nous montre les rapports des atomes dans la molécule et la position de la molécule dans l’espace ; elle a jeté un jour surprenant sur les conditions d’action de l’électricité et mis cette force au service de l’homme ; elle a renouvelé la géologie et la paléontologie et débrouillé l’enchaînement des formes de la vie animale et végétale ; elle a créé la biologie et l’embryologie, et, par la découverte et l’étude des microbes, éclairé d’une façon saisissante quelques-uns des mystères les plus inquiétants de l’éternelle transformation, de la maladie, de la mort ; elle a trouvé ou perfectionné des méthodes qui, comme la chronophotographie, la photographie instantanée, etc., permettent de décomposer et d’enregistrer des phénomènes non directement observables pour les sens humains et qui promettent d’être des plus féconds au point de vue de la connaissance de la nature. Et en face de si magnifiques, de si grandioses résultats, dont l’énumération pourrait s’étendre au double et au triple, on ose parler d’un naufrage de la science et de l’impuissance de la méthode « empirique ! » .

La science n’aurait pas tenu ce qu’elle a promis ! Quand a-t-elle jamais promis autre chose que d’observer loyalement et attentivement les phénomènes, et, si pos-