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PSYCHOLOGIE DU MYSTICISME

groupes de cellules de l’écorce cérébrale donne lieu à d’autres phénomènes. Dans la portion du cerveau ébranlée soit par une excitation périphérique ou par une excitation de voisinage, par une impression sensorielle ou par une association d’idées, l’activité cellulaire, en ce cas, ne s’effectue pas proportionnellement à l’intensité de l’excitation, mais elle est plus forte et plus durable que ne le justifie l’excitation qui l’occasionne. Le groupe de cellules ébranlé ne rentre que difficilement ou même plus du tout en repos. Il absorbe de grandes quantités de matières nutritives pour les dissocier, et les enlève aux autres portions du cerveau. Il travaille comme un mécanisme qu’une main maladroite a mis en branle et n’est plus capable d’arrêter. Si l'on peut comparer l’activité normale des cellules du cerveau à une combustion calme, il faut voir dans l’activité du groupe cellulaire morbidement hyperexcitable une explosion, et une explosion qui unit la durée à la violence. Sur une excitation, s’enflamme ensuite dans la conscience une aperception ou une série d’aperceptions, de notions et d’idées, qui illuminent cette dernière avec la clarté d’un incendie, et surpassent en éclat toutes les autres aperceptions.

Selon le degré d’hyperexcitabilité morbide de quelques portions du cerveau, la prédominance des aperceptions élaborées par elles est aussi plus ou moins exclusive et invincible. A des degrés modérés naissent les obsessions,


    pagnons avait des tours mystérieux dont je comprenais le sens, les objets sans forme et sans vie se prêtaient eux-mêmes aux calculs de mon esprit ». Nous retrouvons complètement ici cette « compréhension du mystérieux » qui est une des fantaisies les plus habituelles des aliénés.