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LXXIV


Peut-être jamais ne saurai-je
Pourquoi tu te taisais ! L’été,
L’azur, les nuits claires, la neige,
Comme ton visage entêté,
N’ont rien pour les interpréter !

Ils brillent, parfument, rayonnent,
Implacables, distraits, charmants,
Sans rien répondre à nos tourments !
— Mais, hélas ! ce cœur de lionne,
Ce cœur puissant, ce cœur adroit,
Qui, pour ne pas troubler ton calme,
Se suspendait au loin sur toi,
Plus léger que l’ombre des palmes,
Que l’arome immense et sans poids,
Faut-il vraiment qu’il se détruise,
Et faut-il que nul ne te dise,
Pour ne pas déranger ta paix,
Que c’est l’univers qu’il comblait !