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La passion contient l’amour avec la hargne,
              Et son orage est maladroit ;
Peut-être faudrait-il que parfois l’on épargne
              Les cœurs étonnés d’être étroits !

Déguisons la fierté de nous sentir prodigues ;
              — Que pèse notre orgueil du feu
Devant la pauvreté de notre être qui brigue
              La faveur d’obtenir un peu !

Devenons attentifs à ces âmes choisies
              Que l’on goûte à travers leurs corps ;
Contraignons, en souffrant, l’altière fantaisie,
              — Aimer moins est si fort encor !

Il n’est pas, pour nouer une divine attache,
              Que ces excès mal assainis.
— Mais vraiment, se peut-il qu’auparavant l’on sache
              Que l’on blesse par l’infini ?