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XLI


Je bénis le sommeil, lui seul peut déformer
Par sa ténèbre étroite, habile et travailleuse,
Les traits de ton image où mon âme amoureuse,
Sachant tous tes défauts, ne voit rien à blâmer !

Je m’endors agitée, et, pareille aux voyages,
Débordante d’espoirs, d’attente, de projets ;
Et puis, à mon réveil, engourdie encor, j’ai
La douceur de trouver ma raison lasse et sage.

Je ne souhaite rien ; fidèle à mes soucis
Je songe tendrement à la tombe loyale
Où, descendue enfin dans la paix sans rivale,
J’oublierai les désirs dont j’ai souffert ici ;