Page:Noailles - Poème de l’amour, 1924.djvu/54

Cette page a été validée par deux contributeurs.


XXXIX


Si je n’aimais que toi en toi
Je guérirais de ton visage,
Je guérirais bien de ta voix
Qui m’émeut comme lorsqu’on voit,
Dans le nocturne paysage,
La lune énigmatique et sage,
Qui nous étonne chaque fois.

— Si c’était toi par qui je rêve,
Toi vraiment seul, toi seulement,
J’observerais tranquillement
Ce clair contour, cette âme brève
Qui te commence et qui t’achève.

Mais à cause de nos regards,
À cause de l’insaisissable,
À cause de tous les hasards,
Je suis parmi toi haute et stable
Comme le palmier dans les sables ;