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CLXXIV


Le hasard et les jours passent d’un pied rapide,
On ne sait ce qui vient ni ce qui va cesser ;
La place où bat mon cœur peut soudain être aride,
La chance est brève, hélas ! et tu n’es pas pressé !

Et tu ne te dis pas, sous les cieux monotones
Où tout est triste, amer, médiocre, décevant :
« J’irai vers cette femme en ce matin d’automne,
« J’aborderai ces yeux plus larges que le vent !

« J’aborderai ce cœur qui n’a pas eu la crainte
« De confier ses vœux, ses plaintes et ses pleurs.
« Visage démuni sans réserve et sans feinte,
« Où le trop vif amour insinuait sa peur !