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L’infini qui respire et luit
S’accorderait avec mon être
Si le ciel pouvait me connaître
Et si j’appartenais à lui !

Mais toi, sans même que tu saches
D’où me vient ma triste fureur,
D’où vient que mon désir s’attache
À ta vive et sourde pâleur,

Tu vis tranquillement, content
De sentir ton esprit à l’aise
Parmi tous mes soins, et pourtant
Je n’aime pas que tu me plaises !

Je n’aime pas ce dévouement
Que suscite en moi quelque charme
De ta voix, de tes mouvements,
Toutes tes innocentes armes !

Depuis le jour où je t’aimai
Ma fierté s’irrite et réclame,
Je ne me pardonne jamais
Cette reddition de l’âme !