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CXXIV


Quand je suis ivre de tourment,
Gisant malade au fond du gouffre,
Je ne me meurs pas faiblement,
C’est par ma force que je souffre.

Par tant de force, et par l’essai
De calmer l’âme belliqueuse !
Qui peut comprendre cet excès ?
La douleur, c’est ce que l’on sait,
La douleur n’est pas partageuse.

Elle est notre savoir secret,
Notre silence, quoi qu’on fasse ;
Si nos cris remplissaient l’espace,
Personne encore ne saurait ;