Page:Noailles - Poème de l’amour, 1924.djvu/142

Cette page a été validée par deux contributeurs.


CXV


Ami parmi tous les amis,
De quoi voudrions-nous nous plaindre ?
Aucun destin n’est compromis
Si l’amitié n’a pu s’éteindre.

Tu penses que seuls les amants,
Par la hâte et par les délices,
Ignorent le dolent supplice
De l’immense désœuvrement ;

Crois-tu que les corps et les bouches
Rendent le bonheur plus entier ?
La passion, dès qu’on y touche
Et qu’on l’observe, fait pitié !

— Accepte d’un cœur moins farouche
La tristesse de l’amitié…