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BÉNISSEZ CETTE NUIT…


Bénissez cette nuit alanguie et biblique,
Prêtresse du coteau, palme mélancolique !
Car voici le berger dont mon rêve est hanté…

— Cher pâtre, accepte enfin la douce volupté.
Quelle frayeur déjà te pâlit et t’oppresse ?
Mon amour, montre-toi doux envers la caresse.
Si tu veux, sois absent, étranger, endormi ;
Ferme tes calmes yeux, davantage, à demi ;
Ferme tes yeux, afin que cette neuve aurore,
Que les tendres baisers dans l’esprit font éclore,
Se lève lentement sous tes cils abaissés,
Sans que ton innocent orgueil en soit blessé !
Qu’aimais-tu dans ta vie adolescente et fraîche ?
La course dans les prés, le mol parfum des pêches,