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L’ABÎME


Je vais partir, mon cœur se brise, puisque toi
Tu ne peux plus choisir l’arrêt ou le voyage,
Et que la sombre mort me cache ton visage
Sous le bois et le plomb de ton infime toit.

Je viens, dans la cité pierreuse du silence,
Rêver près de ta tombe, interroger encor
La place aride et creuse où l’on a mis ton corps,
Et connaître par toi ta triste indifférence.

Ainsi je vois les cieux, limpides, arrondis ;
Le feuillage léger des tombeaux est vivace ;
Lampe exaltante et gaie, à l’heure de midi
Le soleil vient chauffer ton étroite terrasse.