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Toujours interrogeant l’espace et les chemins,
Cherchant leur mission ou bien leur jouissance,
Ils se sentent, avec une sombre puissance,
Humbles parmi les dieux, rois parmi les humains !

Ils connaissent la paix alors qu’ils accomplissent
Ces tâches du désir qu’ils savent assumer ;
Le danger d’espérer, le courage d’aimer
Leur imposent un grave et glorieux supplice.

Ceux-là n’ont pas de frein, ils ont reçu des dieux
Un ordre séculaire, excessif, unanime ;
Par delà les torrents, par delà les abîmes,
Ils poursuivent sans peur leur sort aventureux.

Ils vont. L’air, les printemps, les vents les encouragent.
Toute force et tout bien agit et bout en eux,
Leur cœur est clair alors qu’il est tempétueux,
Et, comme un haut sommet, dépasse les orages.

— Seigneur, vous m’avez dit d’être ce pèlerin
Qui s’épuise et pourtant que jamais rien n’entrave ;
Vous m’avez infusé le chant du tambourin,
L’éclat de la cymbale et l’écume des gaves ;