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Nous sommes entraînés par toutes les vapeurs
Qui tressaillent et qui consentent,
Par les sonorités, les secrets, les torpeurs,
Par les odeurs réjouissantes !

— Mais non, vous n’êtes pas l’universel Printemps,
Ô saison humide et ployée
Que j’aspire ce soir, que je touche et j’entends,
Qui m’avez brisée et noyée !

Vous êtes le parfum que j’ai toujours connu,
Depuis ma stupeur enfantine ;
La présence aux beaux pieds, le regard ingénu
De ma chaude Vénus latine !

Vous êtes ce subit joueur de tambourin
À qui les montagnes répondent,
Et dont le chant nombreux anime sur le Rhin
La vive effusion de l’onde !

Vous êtes le pollen des hêtres et des lis,
L’amoureuse et vaste espérance,
Et les brûlants soupirs que les nuits d’Éleusis
Ont légués à l’Île-de-France !