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PUISQUE NOS SORTS FURTIFS…


Puisque nos sorts furtifs et toujours en péril
N’ont pas la même route et pas le même toit,
Mélancolique ami, mon compagnon d’exil,
N’entendrai-je jamais de musique avec toi ?

Ne serons-nous jamais roulés au creux des vagues
Que Chopin fait gémir dans ses profonds nocturnes,
Quand sa houle oppressée et son flot qui divague
Semblent un ouragan enfermé dans une urne ?

Ne verrai-je jamais, quand les chants de Mozart
Penchent leur politesse et leurs courtois saluts,
S’élargir lentement ton ténébreux regard
Où le profond désir luit comme un jour élu ?