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DANS CETTE OPPRESSION…


Peut-être a-t-on le droit, quel que soit le destin
Qui toujours met l’honneur en regard de l’ivresse,
De laisser consentir un cœur parfois hautain
Aux plus humbles caresses.

L’honneur est un tel bien que l’on ne peut, sans lui,
Ni respirer le jour ni supporter soi-même ;
Mais on ne quitte pas l’honneur, on le conduit
Jusqu’au ciel quand on aime.

— Aussi, lorsqu’un soupir vaste et silencieux
Animera bientôt la nuit secrète et vide.
Quand les parfums, la paix, le vent, comme un liquide.
Découleront des cieux,

Quand nous serons tout seuls, comme on voit sur la grève
Deux promeneurs errants aborder l’infini,
Quand nous nous sentirons, ainsi qu’Adam et Ève,
Isolés, rapprochés, vaincus, maudits, bénis,

Quand je ne verrai plus de l’univers immense
Qu’un peu du rosier blanc et qu’un peu de ta main,
Quand je supposerai que le monde commence
Et finit sur un cœur humain,