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IL N’EST PAS UN INSTANT…

— Que valent donc les mots, les larmes, les caresses,
Le féroce accaparement
D’un corps par l’autre corps, si ces promesses cessent
Au terrible et dernier moment ?

Qu’avons-nous souhaité dans le plaisir, cher être,
Si ce n’est d’être tour à tour
Celui qui meurt, celui qui voit l’autre renaître,
Celui qui l’assiste d’amour ?

Quand ma main sur ton cœur pieusement écoute
S’apaiser le feu du combat.
Et que ton sang reprend paisiblement sa route,
Et que tu respires plus bas,

Quand, lassés de l’immense et mouvante folie
Qui rend les esprits dévorants.
Nous gisons, rapprochés par la langueur qui lie
Le veilleur las et le mourant,

Je songe qu’il serait juste, propice et tendre
D’expirer dans ce calme instant
Où, soi-même, on ne peut rien sentir, rien entendre
Que la paix de son cœur content.