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LE SILENCE


Écoute, on n’entend rien. Que le silence est beau !
Il est, ainsi que l’aube et la nuit étoilée,
Sans souffle, sans projets, sans voix et sans écho…
C’est un jour chaud dormant sur une immense allée,
C’est midi terrassant de sommeil les hameaux,
C’est une grotte froide avec de l’eau verdâtre
Qui gît dans le granit comme un miroir brisé ;
C’est un chemin du soir, immobile, apaisé,
Où décroissent les pas des troupeaux et du pâtre.
— Ô Silence ! Balcon sur la mer à minuit !
Pointe hardie, étroite et sableuse des grèves,
Qui s’en va de la terre et prolonge son rêve
Au loin, entre le ciel qui songe et l’eau qui luit !…
— Silence ! Ô majesté, candeur, sainte colombe
Qui couve l’on ne sait quel œuf immense et pur ;