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ATTENDS ENCORE UN PEU…


Attends encore un peu. Rêvons. Es-tu bien sûr
Que c’est la volupté que réclame l’azur ?
Parce qu’un ciel torride agrippe et tient la ville,
Et que la chambre est comme une auberge en Sicile,
Parce que l’heure auguste et forte de midi
Est là, comme un enfant qui brille et qui grandit,
Crois-tu, cher étranger en qui je cherche un frère,
Que c’est la volupté qu’un jour si beau préfère,
Et qu’elle atténuera notre éternel exil ?
Quand nous serons unis et tissés fil à fil
Par les bras, les cheveux, les genoux et les lèvres,
Dans le lit triste et noir que ton désir enfièvre,
Quand nous serons tous deux haletants, et liés
Dans l’ombre où l’on perçoit le luisant mobilier,
Attentif, semble-t-il, à la tendresse humaine ;
Quand ton amour sera grondant comme la haine,