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TU DIS QUE TU CONSENS…


Tu dis que tu consens à mourir, comme si
La distraite nature attendait de ta bouche
Un aveu fait pour plaire à quelque amant transi
Qui verrait s’avancer sûrement vers sa couche
Le corps astucieux qui fut son long souci !

Pauvre esclave des lois formelles et secrètes,
Te crois-tu donc acquise à ton propre vouloir ?
Qu’importe au dur destin que tu te dises prête,
Ou que, te rétractant, tu souhaites surseoir !

Tu te crois préservée, étant le feu toi-même,
De l’énorme brasier où tout est calciné ;
Tu n’imagines pas qu’un jour, rigide et blême.
Ton corps, par le repos, puisse être dominé.
Oui, l’ivresse est divine, et tu te connais ivre
De désir, de raison, de force et de douleur ;