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PRIÈRE AU DESTIN


Ainsi j’ai tout souffert des turbulents orages !
Hier fut accablant, mais demain sera pis ;
Je contemple en tremblant ce moment de répit…
— Destin, qu’attendez-vous encor de mon courage ?

Accordez-moi, du moins, puisque vraiment je fus
Le flambeau secoué par vos mains orageuses,
De n’aborder jamais la vieillesse neigeuse,
D’opposer à l’ennui un flamboyant refus !

Veuillez vous souvenir que vous me fites telle
Que les étés prenaient leur éclat sur mon cœur,
Que la nue et mes yeux confrontaient leur chaleur,
Et que c’est par la paix que l’on se sent mortelle !

— Puissé-je, sans effroi, sans regret, sans effort,
Descendre noblement de l’amour à la mort…