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MINUIT


Minuit, heure où l’on dort, recevez mes louanges,
Tour d’ébène, miroir d’argent, rose des nuits,
Par qui l’âme vivante à la mort se mélange,
Vous qui bannissez l’heure et recouvrez l’ennui !

Tout le jour je m’effraie, ou m’irrite, ou m’étonne,
Le sort pour me combattre a d’infinis secrets,
Mais votre voix, alors, à mon côté chantonne :
« Sois sage, songe à moi, je viendrai, je serai,

« Je serai près de toi dans quelques couples d’heures,
« Ma force a des moyens contre ce qui te nuit ;
« Ténébreux carnaval j’emplirai ta demeure,
« Je suis le pitoyable et le tendre Minuit.