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DEUX ÊTRES LUTTENT…


La nonne est robuste, et dépense
Son âme d’un air vif et gai.
La païenne, au corps fatigué,
Joint la faiblesse à la puissance.

Cette Ménade des forêts,
Pleine de regrets et d’envies,
A failli mourir de la vie,
Mais elle recommencerait !

La nonne souffre et rit quand même :
C’est une Grecque au cœur soumis.
La dyonisienne gémit
Comme un violon de Bohême !

Pourtant, chaque soir, dans mon cœur,
Cette sage et cette furie
Se rapprochent comme deux sœurs
Qui foulent la même prairie.

Toutes deux lèvent vers les deux
Leur noble regard qui contemple.
L’étonnement silencieux
De leurs deux âmes fuse ensemble ;