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LES ESPACES INFINIS


Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie.
Pascal.


Je reviens d’un séjour effrayant ; n’y va pas !
Que jamais ta pensée, anxieuse, intrépide,
N’aille scruter le bleu du ciel, distrait et vide,
Et presser l’infini d’un douloureux compas !

Ne tends jamais l’oreille aux musiques des sphères,
N’arrête pas tes yeux sur ces coursiers brûlants :
Rien n’est pour les humains dans la haute atmosphère,
Crois-en mon noir vertige et mon corps pantelant.

Le poumon perd le souffle et l’esprit l’espérance,
C’est un remous d’azur, de siècles, de néant ;
Tout insulte à la paix rêveuse de l’enfance,
En l’abîme d’en haut tout est indifférent !