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UNE GRECQUE AUX YEUX ALLONGÉS…


Ils ont aussi, dans leurs amours,
Couché sous les ciels de Bohême,
Au son des flûtes d’alentour.
Leur souffle m’envahit quand j’aime.

Enfin, ils se sont reposés,
Avant le temps de ma naissance,
Sur le sol le mieux composé
Du monde : c’est l’Île-de-France !

Je ne goûtais, étant enfant,
Que ces lieux, et les paysages
De la Savoie ; je fus longtemps
Sans avoir l’amour du voyage ;

Et puis, voyageant, j’ai soudain
Connu le délire indicible :
La ville étrangère, un jardin
Dont le parfum nous prend pour cible ;

On est brûlant, on tend les bras
Pour joindre la Chine ou la Perse ;
On meurt d’un si grand embarras,
Toute notre âme se disperse !