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L’AUTOMNE



Le fol, prodigue Automne, aux mains larges ouvertes,
Qui donne et répand tout, et s’arrache de soi,
Mène son ouragan dans un azur inerte ;
Les secs ruisseaux de l’air sifflent, et déconcertent
La méditation des bois.

Rapide, ventilé, il s’élance, il s’écroule.
Il répond au Destin, soufflant, s’évertuant.
Le feuillage emporté navigue, tangue, roule ;
L’air, comme un océan,
Entraine en bondissant, sur ses venteuses houles,
Ce bouquet au néant !

Tel un bloc glacial de cristal et de jade,
La torpide atmosphère, au sérieux aspect.
Contient paisiblement cette immense escapade.
L’univers tremble aux mains d’invisibles Ménades :
Tant de fougue dans tant de paix !