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L’ESPRIT PARFOIS RETOURNE…



L’esprit parfois retourne à des séjours lointains,
À de charmants climats aimés dans la jeunesse,
Et voici que dans l’âme abondamment renaissent
Les pétillantes nuits et les naïfs matins.

Je me souviens, ce soir, d’un jardin près de Nice,
Acide à l’odorat par ses mandariniers,
Tendre par ses palmiers inclinés qui bénissent
Les oiseaux turbulents et l’étang résigné.

— J’avais vingt ans, j’étais une enfant qui contemple
L’exaltant univers avec un humble amour,
Et cependant, pareille aux colonnes des temples.
Je portais le divin sans le sentir trop lourd !