Page:Noailles - Les Forces éternelles, 1920.djvu/107

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
99
ÉTRANGER QUI VIENDRAS…


C’est dans cette attentive et studieuse chambre,
Où les anges m’ont tout appris,
Qu’éperdue, implorant le ciel de tous mes membres,
J’eus si grand peur d’une souris !

C’est là que j’ai connu, en ouvrant mes fenêtres
Sur les orchestres du matin,
L’ivresse turbulente et monastique d’être
Sûre d’un illustre destin.

C’est là que j’ai senti les rafales d’automne
M’entr’ouvrir le cœur à grands coups
Pour y faire tenir ce qui souffre et frissonne :
C’est là que j’eus pitié de tout !

Jamais aucun humain n’a senti des murailles
Contraindre un cœur plus enflammé.
Songe à cela, Passant, et que ta tendresse aille
À l’enfant qui a tant aimé !

Tout me semblait amour, angélique promesse,
Charité qui franchit la mort.
On persévère en soi bien longtemps : peut-être est-ce
Ma façon de survivre encor !