Page:Noailles - Les Éblouissements, 1907.djvu/353

Cette page a été validée par deux contributeurs.
348
DOULEUR


Voici que court et que descend
Le long de la verte colline,
Frais comme la brise saline
Le vent allègre et nourrissant.

Mais la détresse âpre et puissante
S’allonge en moi, s’étire en moi,
Et fait crier mon corps étroit
Sous sa pression bondissante.

Le cèdre énorme du Liban
N’a pas de plus forte armature
Que cette ineffable torture
Qui m’écartèle au soir tombant.

Je contemple l’ombre, l’érable,
Le temps si beau, le ciel si doux.
Je suis, ce soir, fière de vous,
Ô ma douleur incomparable !…