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LA MUSIQUE PASSIONNÉE


Ah ! que leurs yeux sont éperdus,
Que d’ardeur, que d’effroi physique,
Que de cris, de baisers mordus
Chez ces amants de la musique !

Quelle avide convulsion !
Vous reconnaîtrez vos fidèles
À cette respiration
Ivre comme un battement d’ailes,

Vous les connaîtrez à ces plis,
À ces profondes cicatrices
Que laissent, sur les corps pâlis,
Les musiques provocatrices !

Les danseurs de Dionysos
Et les joueuses de cymbales
Portaient ainsi au fond des os
Des charbons, des flèches, des balles.

Il n’est pas d’innocents accords,
Il n’est pas de sainte harmonie,
L’extase pénètre les corps
Comme une amoureuse agonie.

Ô Cécile, ô nymphe des cieux,
Est-ce que vos regards se voilent,
Quand nous mourons, silencieux,
De l’âpre langueur de nos moelles ?…