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CONTENTEMENT


Que, tout à coup, dans le jardin
L’on entende, immense harmonie,
Chanter sous le ciel du matin
Toutes ces roses de génie,

Qu’elles disent avec leur voix
De rose rouge ou rose blanche,
Combien est beau ce que je vois
Sous l’azur qui tremble et qui penche.

Qu’il monte d’elles ce beau chant
Dont mes lèvres n’étaient pas dignes,
Et qu’enfin le matin touchant
Soit loué par les fleurs insignes !

– Petit matin vêtu de lin,
La plus gentille Océanide
N’a pas un bleu si clair, si plein,
Si léger, si fin, si candide.

Tant d’azur m’opresse le cœur,
Je crains moins le soir et l’orage,
Petit matin plein de douceur,
Que les caresses de ton âge !

Du moins, sois étonné parfois
Voyant ta joueuse de lyre,
Qu’un petit enfant comme toi
Puisse inspirer un tel délire…