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LE VERGER DE LIS


C’est un verger de lis, fleurs vives, blanches, rousses :
Des lis aussi hauts que mon cœur !
Sous un azur sans pli, sans tache, sans secousse,
Uni comme une longue odeur,

Ces lis sont le printemps, et je ne suis qu’une âme
Qui meurt sur leur calice étroit ;
J’enroule, décollant leurs antennes de flamme,
Du sucre humide sur mes doigts.

Ah ! que c’est peu de chose, une âme avide et tendre
Près du peuple ardent et gluant
Des innombrables lis, où le jour vient étendre
Les langes bleus du matin blanc !

Leur sève est un ruisseau baignant leurs longues tiges
D’un courant toujours frais et vert,
On se sent pris d’un triste et languissant vertige
Au-dessus de leurs cols ouverts.