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INCENDIE DE L’ÉTÉ


Été, volcan d’azur, d’arome,
Bataille de graines, d’odeurs,
Danse faunesque sous le dôme
De la torpeur, de la splendeur !

Élans, conflits, brûlante audace,
Guêpe gommeuse, au vert tilleul
Collant sa molle carapace
Et s’engouffrant dans les glaïeuls.

Chant de tambour, chant de cymbale
Du fond des cieux précipité
L’abeille, ardente et ronde balle,
Guerrier japonais de l’été,

Semble passer son anneau d’ambre
Aux fleurs qu’elle vient épouser,
Et la fleur s’offusque, se cambre
Sous le fardeau de ce baiser.

Accaparement, cris, victoire,
Froissement, soupirs, doux dégâts.
L’azur se détournant vient boire
Dans les coupes des seringas.

Et c’est la jeunesse, ô jeunesse,
Qui parcourt le vaste horizon,
C’est elle qui baise et qui presse
Le lac, le jardin, la maison,