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LE FRUITIER DE SEPTEMBRE


La chaleur voile l’horizon.
Chaleur d’été, molle toison !
L’air est épais, sans nulle fente…
– J’ai quitté l’allée étouffante
Où, comme de vifs tisserands,
Les guêpes des fruits odorants
Elancent bruyamment la soie
De leur active et brusque joie.
J’ai quitté l’allée, et voici
Qu’au bout du sentier indécis
Baigné de vigne-vierge verte,
Je trouve cette porte ouverte :
La bêche, un râteau, l’arrosoir
Sont là, dans la couleur du soir,
Sur le pas de l’humble demeure
Que le jaune soleil effleure…
– Et j’entre dans le frais réduit.
Quelle divine odeur de fruit !