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PAGANISME


Sapins lourds, ténébreux, dévalant, dont les branches
Suspendent dans l’air bleu de vertes avalanches,
Saules, sur les étangs pleurant de désespoir,
Mélèzes résineux, fraîches voûtes du soir,
Où, comme un chaud vitrail, le soleil met son prisme,
Grottes, ravins, échos, immense romantisme,
Ah ! comme dans mon cœur vous êtes accueillis !
Pourtant, vous le savez, je suis de ce pays
Qui commence en Asie et va jusqu’en Sicile,
Du pays lumineux, ouvert, serein, tranquille,
Du pays où la chèvre au regard sec et droit
Mord d’une bouche noire un amandier étroit ;
Où le jaune jasmin, le thym, le chèvrefeuille,
Sont un miel crépitant que l’abeille recueille ;
Du pays où les ifs allongés, le cyprès,
Où la tombe pierreuse et le vase de grès,