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LE FAUNE


– Cher Faune, allez-vous-en d’ici,
Êtes-vous ivre
De venir déranger ainsi
La paix de vivre ?…

Mais il répond « Dans ces jardins,
Clairs comme un vase,
Je prépare vos jeux divins
Et votre extase,

« Les bienheureuses au cœur pur
Seraient inertes
Si je ne dardais dans l’azur
Mes flèches vertes ;

« Elles ne lèvent vers leur dieu
Des mains blessées,
Que si mon chant mélodieux
Les a percées ;

« Elles n’élancent vers le ciel
Leurs insomnies,
Que quand ma lèvre de son miel
Les a munies.

« C’est une même volupté
Molle, profonde,
Qui pendant les jours de l’été
Mène le monde,