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Elle n’a pas d’exaltation pour Dieu comme la sœur Catherine, comme j’ai eu quelquefois. Elle prie de la même manière qu’elle tient notre couvent, avec plénitude et mesure. Je me figure, depuis quelque temps, qu’elle a dû avoir dans son cœur quelque chose de plus fort que tout cela, quelque chose qui est mort.

Je crois que je la connais beaucoup.

Je sais ce qu’elle dirait si je lui exposais mon âme en ce moment. Je la vois ; si je disais : « Ma mère, la nuit quand vous dormez toutes, un jeune homme qui est très bon, qui est mon ami, vient parler avec moi, reste dans ma chambre quelques heures, il m’aime. » Elle, de son regard que j’ai quelquefois vu, un regard qui est dur comme deux poings tendus, me