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la terre

La jeunesse odorante et chaude de la terre,
Les bois où les bergers de l’Hellas ont chanté.
Les plaisirs et les jours, c’est vous sainte poussière !
C’est vous toute la gloire et tout l’amour humains,
Le corps d’Iphigénie et le cœur de Virgile
Et Chloé qui tenait des roses dans ses mains
Ont mêlé leur substance ardente à votre argile.
Vous êtes un autel rustique, où s’accomplit
Tout le mystérieux et fixe destin : l’homme
Vous apporte son cœur quand il l’a bien empli,
La mer son coquillage et le sapin sa gomme.
— Voici le champ fertile où l’humanité dort,
La couche aux plis profonds où tout entre et repose,
Le nocturne jardin où les houilles et l’or
Accueillant la venue éternelle des choses.
Tous ceux qui sous le ciel léger ont enseigné
La volupté riante et la bonne science,
Ont connu vos tombeaux et les ont imprégnés
D’une minutieuse et parfaite alliance.
C’est vous tous les désirs, c’est vous tous les efforts,