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fraternité

Nature ! — je vous offre en ce mois solennel
Votre terre le pain, et votre onde le sel.
Vous si joyeuse à l’heure où le jour vient d’éclore,
Quand vous vous couronnez des roses de l’aurore,
Et si triste le soir, quand votre cœur amer
Se blesse dans la nue et saigne sur la mer,
Soyez bonne aux plaisirs et aux langueurs des hommes,
Qu’ils goûtent vos laitues, vos raisins et vos pommes,
La fraîcheur de vos eaux, le chant de vos bouvreuils :
Donnez-leur du désir, du repos, de l’orgueil,
Et pressez contre vous sans colère et sans blâme
Les pauvres corps vivants qui sont toute notre âme…