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LA DOMINATION

Il avait vingt-six ans. Le second livre qu’il venait d’écrire le rendait célèbre, et, las d’une liaison qui durait depuis trois années, il avait la veille rompu avec sa maîtresse.

Ah ! comme il se sentait empli de force, de plaisir, d’adresse et de mélancolie !

La tête renversée, il regardait le soleil couchant, la cime pâlie des arbres, toutes les douces formes de l’espace et il pensait :

« Il n’est pas de plus verte royauté que la mienne. Je regarde passer les hommes et je suis surpris parce qu’ils passent près de moi sans attention et sans envie. Ils ne savent pas ce que j’ai dans le cœur : s’ils le savaient, ils voudraient toucher mes mains et mes yeux pour être à leur tour enflammés. Je regarde les hommes ; je les méprise parce qu’ils sont simples, débonnaires et affairés ; ceux qui m’aiment ont