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LA DOMINATION

où l’air vif ne pousse devant soi que des ombres…

Impatient de la presser à son tour sur son cœur, dès l’aube, le lendemain, sans éveiller sa compagne, Antoine quitta le paisible hôtel.

Dans la rue, sous les nuages mobiles, la vie commençait ; une vie point visible, que révélaient les petites fumées, leur parfum comestible. Il se promena longtemps. Tantôt, il voyait les tours énormes, si redoutables qu’on s’émeut qu’une race humble vive auprès d’elles comme un scarabée près du lion ; et tantôt des quartiers bas et pauvres, maisons rangées et pareilles, jaunies sous leurs toits rouges, longues petites étables humaines.

Peu à peu, dans la ville, quelques femmes se glissaient, passaient, âmes frileuses, âmes emmitouflées.

Point d’hommes, des femmes.