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LA DOMINATION

plusieurs années avant qu’il fût né, avait connu d’ardentes blessures.

Certes, son éducation, sa culture, son amour des mondes, jeté comme des bras autour de l’univers, sa vision d’un avenir pacifique lui rendaient hostile un étroit patriotisme, mais ici cet orgueilleux cherchait à revendiquer, à établir la suprématie de sa race.

Dès le départ, ce matin-là, sur les routes qui les conduisaient à Sedan, Antoine s’était isolé ; détaché de son amie, reculé en soi-même, il excitait son imagination.

Devant lui, près de lui, les fraîches plaines, les hauts arbres, les haies buissonneuses, dénouées et retombantes, soufflaient la verte odeur de leur énergique vie, et, tout couvert de cet émouvant paysage, Antoine Arnault, avec ferveur, s’adressait à sa patrie.

— Vous n’êtes point, ô mon amour, lui