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LA DOMINATION

amie aimable, d’une jeune femme étrangère.

Antoine, familier avec elle au bout de quelques jours, car elle était précieuse et alanguie de littérature, profitait de cette saison déserte pour la voir, la connaître, la garder.

Cette jeune femme veuve lui avait plu dès l’abord, dans le salon où elle se tenait, voyante et remuante, près d’une autre jeune personne trop discrète, et, semblait-il, attentive à ne penser à rien.

En entendant nommer Antoine Arnault, elle avait ressenti une émotion véritable. Elle se sentait, en effet, comme elle le disait, confuse et fière. Étant extrêmement coquette, elle se persuadait qu’un écrivain de talent portait un remarquable intérêt à la grâce des jeunes femmes, à leurs toilettes, à leurs ruses.

« Voilà, pensait-elle, mon spectateur. »