Page:Noailles - La domination, 1905.pdf/245

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
238
LA DOMINATION

comme des enfants divins. Élisabeth goûtait, mêlés, ce plaisir et cette déception que causent les choses nouvelles. Elle n’imaginait point ainsi la ronde perle toscane. Trop de perfection arrêtait l’élan de son âme. Ville parfaite, un peu sèche, qui respire, repliée sur elle-même, le fort opium de sa grandeur monastique. Peu à peu, seulement, l’Arno, le Ponte Vecchio, l’air florentin, Or San Michele, Santa Maria dei Fiori, les nuits parfumées par les iris des jardins, enchantèrent Élisabeth.

Elle parcourut les musées, les plus glorieux, le plus caché ; Palais Pitti où repose le juvénile Hermaphrodite, si visiblement asservi, qui ne peut éviter les dieux et n’a de pudeur que son visage endormi ; — petit musée égyptien, où les divins scarabées sont des gouttes de siècle bleues, de tièdes turquoises taillées.

Les journées passaient, claires, ailées,