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LA DOMINATION

elle quitta le secret jardin où depuis un mois elle rêvait, et, par un matin de mai, avec une douce aisance, une allégresse victorieuse, elle rentra dans la maison de son ami…

Ces deux cœurs se réunissaient comme se rejoint l’eau libre enfin, qu’un obstacle divisait. Nulle différence ne leur enseignait l’éternel isolement ; plus ils avançaient dans le cœur l’un de l’autre par les douces conversations, plus l’écho de cristal des deux côtés résonnait. Ils habitèrent ensemble, dès qu’ils en causaient, les palais de l’Orient, les oasis d’un désert d’or, un temple de la Sicile : leurs souhaits se confondaient ; chacun avec l’autre échangea sa fleur préférée, Élisabeth enseignait à Antoine la centaurée rose des champs, tandis qu’elle recevait de lui la tubéreuse au parfum de musc.

Naissant amour ! joyeux comme le départ, comme le cœur des oiseaux qui vont s’en-