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LA DOMINATION

beth un mot qui disait : « Nous ne saurions nous décider à venir assister à votre mariage ; votre bonheur, ma chère Madeleine, ferait du mal à votre sœur. »

« Petite sœur égoïste », pensa Antoine, qui s’affligeait du chagrin qu’éprouvait sa fiancée.

Le mariage eut lieu en janvier, et les mois passèrent, calmes et mornes, à peine colorés par les tendres pudeurs de Madeleine amoureuse, ou enrichis par ses larmes, car timide et déférente, elle souhaitait tristement, sans oser l’essayer, captiver davantage le cœur d’Antoine Arnault. Et puis une sagesse douce et voilée succéda, chez la jeune femme, à ses premiers emportements.

Son caractère la destinait aux soins silencieux, à la musique, à la rêverie. Elle eut une petite fille, et puis un an après une autre petite fille. Elle les aima comme elle aimait leur père, et sa vie lui fut une douce