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LA DOMINATION

parlait à la Chambre. Il eut des ennemis ardents. Ses discours irritaient. Un jeune prince de la droite, par jalousie, l’attaqua, et sur la vive réponse d’Antoine fit mine de s’élancer. Minute inoubliable : toute la gauche, debout autour de l’agresseur, levée comme des montagnes, se retenait à peine de dévorer ce page ! Antoine connut l’amour des mâles, ce que pouvait l’éloquence. Il eut avec son rival un duel où il le blessa, mais il eût voulu cent fois le tuer. À ces enivrants combats de mornes jours succédaient.

Un an passa.

Antoine fit jouer une pièce qui provoqua un élan d’amour dans sa ville. Tous les soirs les planches poudreuses de la scène furent comme un profond divan où il posséda le cœur blessé, le cœur traîné des nerveuses spectatrices. Ce triomphe lui fut sensible, il se crut heureux.