Page:Noailles - La domination, 1905.pdf/205

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
198
LA DOMINATION

moindre plaisir que je dois donner la préférence ? Soyez juste, et répondez-moi. » Fontenelle n’était pas sensible : « Ma foi ! répondit-il, vous avez raison. » Aujourd’hui déjà cette gracieuse histoire me crève le cœur, tandis qu’à vingt ans, je me souviens d’avoir ri, amusé, un jour qu’une petite amie qui m’avait beaucoup aimé et qui cessait de m’aimer, désespérée, essayant d’arrêter la destinée, me serrait contre elle et me criait : « Plais-moi encore, plais-moi encore ! Hélas, je me détache de toi ! »

Martin Lenôtre, heureux et bon, écoutait avec plaisir des phrases qui lui étaient une harmonieuse tempête.

Antoine s’arrêta de parler et réfléchit. Puis il reprit :

— Tu n’en peux douter, Martin ; comme toi, j’adore la science, oppressée et lumineuse. Le procès de Galilée, si j’y songe, fait saillir