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LA DOMINATION

page ne serait plus pour elle-même une reine…

» Les femmes, concluait-il, ne me font pas peur ; je goûte et je cherche en elles ce que les autres hommes n’estiment pas suffisamment : leur confusion et leur douceur. Mon esprit, ma curiosité, la richesse et la sécheresse de mon intelligence sont sur elles comme des doigts légers et adroits. Que m’importent leurs durs regards, leurs vaines et frivoles paroles, leur précieuse pudicité ? Je tiens leur âme renversée sous mon cœur ; je sais que la musique des violons le soir, le chant du rossignol, le clair de lune et la chaleur de leur propre corps les possèdent comme nous les possédons, tendres victimes qui s’affolent, courbées sous tout l’univers. »

Martin, en souriant, fit remarquer à Antoine un jeune homme et une jeune femme qui, venant s’asseoir à une table voisine, avaient amené leur petite fille de huit ou